Nous créons et mobilisons des fictions réalistes au travers de happening pour interpeller à large échelle
Pour interpeller, il faut accepter une hypothèse comme plausible ; de sorte que ses finalités et ses enjeux pourront être discutés sans s’encombrer d’un questionnement sur sa probabilité de réalisation, très complexe à résoudre quand on traite d’innovation. Cela passe par un important effort de mise en scène pour que le contexte apparaisse comme le plus réaliste possible.
Un exemple intéressant nous est fourni par les expositions d’art contemporain, où toutes les provocations sont autorisées du fait du caractère spécifique des lieux quileur sont dédiés. Plongez ces oeuvres dans des espaces publics ou dans des lieux consacrés à d’autres formes d’expression, les tabous réapparaissent et la crédibilité s’effondre. L’enjeu est donc de veiller à ce que la maquette soit introduite de manière à ce qu’elle apparaisse comme le prolongement naturel de la situation. En voici un exemple : sous la forme d’un journal papier comme il en existe beaucoup sur les stands du Salon de l’agriculture, nous avons créé une fiction illustrant ce que pourrait être le futur de l’agriculture en 2040, dans un monde qui se technologise toujours plus vite et qui doit relever le défi de nourrir neuf milliards d’individus à cet horizon de temps. Bigdata, intelligence artificielle, blockchain…
Les articles, rédigés avec l’appui d’un journaliste, soulèvent des questions fondamentales : comment ces technologies sont-elles susceptibles de transformer la chaîne de valeur agro-alimentaire ? Dans un futur où les assiettes connectées seront la norme, comment traiter les problématiques de cyber-sécurité pour éviter le hacking et les actes de malveillance ? Si Watson, l’intelligence artificielle d’IBM, gagnait le marché de la restauration collective, quels seraient les changements culturels et organisationnels qui en découleraient ? Est-ce que les blockchains alimentaires vont conduire à de nouvelles formes de contrôle ? Imprimé à plusieurs milliers d’exemplaires, le journal a été offert aux visiteurs du salon pour recueillir leurs réactions et générer un débat.